Avec 70 % de la production mondiale de cobalt et plus de 2,5 millions de tonnes de cuivre extraites en 2023, la République Démocratique du Congo (RDC) occupe une place centrale dans la chaîne mondiale des minerais stratégiques. L’accord-cadre signé en juillet 2025 avec KoBold Metals, société américaine spécialisée dans l’exploration minière assistée par intelligence artificielle, illustre la convergence entre innovation technologique et exploitation des ressources naturelles. Cet accord suscite des questionnements sur les aspects économiques, juridiques et technologiques, ainsi que sur la manière dont ces projets peuvent interagir avec le développement local et la souveraineté nationale

Cadre légal et fiscalité : règles et contraintes
L’exploitation minière en RDC est encadrée par le Code minier de 2018, qui fixe plusieurs obligations clés :

  • Participation de l’État : L’État détient automatiquement 10 % du capital de chaque société minière, sans investissement préalable, ce qui lui garantit une part des bénéfices et un droit de regard sur la gouvernance.
  • Contenu local : Les compagnies minières doivent recourir à la sous-traitance nationale et favoriser l’emploi local, contribuant ainsi à l’économie nationale et à la formation de compétences locales.
  • Transparence contractuelle : Les contrats doivent être publiés dans les 60 jours suivant leur signature, conformément aux standards de l’Initiative pour la Transparence des Industries Extractives (ITIE).
  • Fiscalité différenciée : Les substances classées « stratégiques », dont le cobalt et potentiellement le lithium, sont soumises à une redevance minière de 10 %, renforçant la contribution fiscale des projets à l’État.

Pour un acteur comme KoBold Metals, la conformité à ces règles est essentielle, non seulement pour la planification économique et la rentabilité des projets, mais aussi pour la crédibilité vis-à-vis des régulateurs et des investisseurs.

Création de valeur locale : au-delà de l’extraction
L’un des défis majeurs concerne la création de valeur sur le territoire national. Actuellement, la majorité des minerais congolais est exportée à l’état brut, limitant la captation de valeur ajoutée. La transformation industrielle locale ( production de précurseurs pour batteries, raffinage ou fabrication d’alliages métalliques ) représenterait un levier important pour :

  • Stimuler l’industrialisation et les investissements technologiques ;
  • Générer des revenus supplémentaires pour l’économie nationale ;
  • Renforcer la diversification économique, réduisant la dépendance aux seules exportations de matières premières.

Le développement d’une sous-traitance nationale solide est également crucial. Les entreprises locales peuvent participer aux chaînes de valeur dans les domaines du transport, de la logistique, des services techniques et de la maintenance, contribuant à un tissu économique plus résilient.

L’emploi qualifié représente un troisième enjeu : le secteur doit offrir des formations et des opportunités pour des métiers techniques et spécialisés ( ingénieurs, géologues, techniciens en environnement, experts en gestion et exploitation minière) afin d’accompagner la montée en compétences de la main-d’œuvre locale. Sans un suivi rigoureux des engagements des investisseurs, ces objectifs risquent de rester partiellement inatteignables, comme l’ont montré certaines expériences passées.

Données et souveraineté stratégique
La collecte et l’analyse de données géologiques et minières constituent désormais un actif stratégique. KoBold Metals se distingue par son utilisation de l’IA pour optimiser la cartographie des gisements et la planification des exploitations, rendant les informations collectées particulièrement sensibles.

Des expériences internationales montrent l’importance de la protection des actifs informationnels : en Australie, le Foreign Investment Review Board examine les projets pouvant affecter la sécurité nationale, et au Canada, l’Investment Canada Act impose une évaluation similaire pour les ressources critiques et technologies sensibles. Ces mécanismes visent à prévenir une dépendance excessive et à garantir que les informations stratégiques restent sous contrôle national.

Pour la RDC, l’enjeu consiste à déterminer si le cadre réglementaire actuel est suffisant pour encadrer l’accès aux données et technologies avancées ou s’il nécessite des ajustements afin de protéger les actifs stratégiques tout en restant attractif pour les investisseurs.

Perspectives et conclusion
L’accord RDC – KoBold Metals illustre les dynamiques contemporaines du secteur minier : technologie avancée, gestion des ressources stratégiques et cadre légal national. Sa réussite dépendra de l’équilibre entre :

  • l’intégration efficace de technologies numériques et d’intelligence artificielle ;
  • la conformité stricte au Code minier et aux obligations fiscales ;
  • la gestion des données stratégiques et la souveraineté informationnelle.

Plus largement, cet accord met en lumière les défis auxquels sont confrontés les pays riches en ressources naturelles dans la transition énergétique mondiale : maximiser la valeur ajoutée locale, développer des compétences techniques, sécuriser les actifs stratégiques et intégrer les innovations technologiques de manière durable.

Dans ce contexte, Emerald Consulting s’engage à :

  • fournir aux acteurs publics et privés des analyses rigoureuses et neutres sur les implications juridiques, économiques et stratégiques des partenariats miniers ;
  • accompagner les décideurs dans la compréhension des enjeux liés à la fiscalité, au cadre légal et à la gouvernance des données ;
  • éclairer les investisseurs et les régulateurs sur les meilleures pratiques pour maximiser la création de valeur locale tout en respectant les standards internationaux de transparence et de durabilité.

En somme, la réussite des projets comme celui de KoBold Metals ne se limite plus à l’extraction physique des minerais. Elle repose également sur une approche intégrée, combinant innovation technologique, gouvernance rigoureuse et analyse stratégique. À travers son rôle de conseil et d’accompagnement, Emerald Consulting contribue à faciliter la prise de décision éclairée et à soutenir le développement durable du secteur minier dans un contexte global en mutation


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